Ressentir une gêne dans la routine quotidienne d’une vie bien rangée n’est pas anormal. Le psychanalyste Erich Fromm notait dans son ouvrage La pathologie de la normalité, que nos sociétés aux vies bien réglées engendraient des maladies mentales et des suicides. Ce que confirme un rapport de l’OCDE, notamment de par nos consommations de drogues.
Si vous aussi vous avez un Bullshit Jobs, au sens qu’en a donné le sociologue David Graeber dans son livre éponyme, c’est-à-dire un métier qui ne sert strictement à rien ou à très peu de chose, il est peut-être grand temps de claquer la porte et de vivre de vos propres ailes, avant de sombrer dans une addiction ou dans une dépression.
Nous allons voir ensemble les étapes vous permettant de démissionner de votre emploi et de créer votre propre entreprise, en passant par l’obtention de l’allocation chômage, jusqu’aux aides auxquelles vous pouvez prétendre et sous quelles conditions.
Vous souhaitez devenir entrepreneur ? C’est ce que nous vous expliquons ici.
Oui. Évidemment, il est possible de démissionner pour créer sa propre entreprise. Rien que se poser la question dénote déjà le fait que cette décision semble antinomique avec la manière dont notre société nous a habitué à considérer le travail comme un salariat.
Toutefois, avant de quitter son emploi bille en tête, vous devez prendre en compte quelques éléments essentiels :
Un travail, ça ne se quitte pas du jour au lendemain en imaginant que l’on a trouvé l’idée de business idéale. Même si, pour bien réussir son plan A, il ne faut peut-être pas avoir de plan B, le mieux est tout de même de bien évaluer la viabilité du plan A.
Pour cela, il y a des étapes à respecter :
Développons quelque peu ces étapes pour que vous puissiez utiliser notre article comme un premier guide vous permettant de ne pas oublier les éléments les plus importants.
1. Bien évaluer son nouveau projet professionnel
L’évaluation d’un projet professionnel repose sur un élément fondamental : faire abstraction aux affects. Cela signifie que les seules données qui doivent guider votre décision quant à vous lancer ou non dans tel projet, ou tel autre, doivent être purement factuelles.
Autrement dit, si vous commencez à envisager les situations auxquelles vous allez faire face et à analyser les données que vous trouverez, sous l’angle de ce que pensent les autres de votre idée, vous allez vous arrêter avant même d’avoir commencé.
La raison est simple : quasiment tout le monde va vous dire que votre idée ne va pas marcher.
2. Évaluer la santé de vos concurrents
Pour évaluer la faisabilité de votre projet, il vous faut commencer par accumuler des données sur vos concurrents. Évaluer leur santé vous permettra en quelque sorte de sonder le marché, afin de savoir si ce dernier est porteur.
Pour ce faire, après avoir dressé une liste d’une dizaine de concurrents, de la grande entreprise à la petite SARL, rendez-vous sur le site infogreffe, et entrez-y leur nom.
Soit vous obtiendrez le chiffre d’affaires déclaré par année, ainsi que le résultat et les effectifs, soit vous pourrez commander les actes pour une somme d’un peu plus de 8 euros par document.
3. Connaître vos futurs partenaires, et les coûts
Au-delà de vos concurrents, il est indispensable que vous identifiez vos fournisseurs, et tout autre acteur nécessaire à la production de votre produit ou à la création de votre service. Il vous faudra connaître les coûts des éléments qu’ils devront vous livrer, ou des prestations qu’ils devront réaliser.
L’analyse des tendances du marché des matières premières dont dépendent vos produits ou vos services est également à prendre en considération. Est-il particulièrement fluctuant ? Existe-t-il une saisonnalité. Toutes ces informations sont autant d’éléments qui vous permettront de mieux vous projeter.
4. Du business plan aux canaux de communication
L’ensemble des informations récoltées sur vos concurrents vous permettra d’accéder à vos clients potentiels. Comment ? En suivant ces sociétés sur les réseaux sociaux qu’elles exploitent.
Déterminez votre clientèle cible et en fonction de ses caractéristiques socio-économiques privilégiez au début un seul canal de communication, voire deux au maximum.
La raison ? Mieux vaut en maîtriser un ou deux à fond et bien les exploiter que s’éparpiller sur plusieurs canaux et n’en exploiter aucun correctement.
Sauf à disposer d’une équipe marketing à temps plein, dédiée à la gestion de votre communication, vous ne serez pas crédible face à des investisseurs en leur expliquant que vous serez actif partout.
La communication est un domaine chronophage et la maîtrise d’un canal n’est assurée que par la pratique.
Une fois glané l’ensemble de ces données, vous serez en mesure de monter un business plan crédible aux yeux des investisseurs. La levée de fonds sera alors possible, en plus peut-être de votre allocation chômage.
Le principe est rappelé par Pôle Emploi : un salarié démissionnaire n’est pas en droit d’être indemnisé. Toutefois, les démissions déposées afin de mener à bien une reconversion professionnelle ouvrent droit à indemnisation.
Or, ouvrir une entreprise caractérise parfaitement la notion de reconversion professionnelle. Cette possibilité, qui vous est offerte depuis le 1er novembre 2019, est néanmoins conditionnée à un projet réel et sérieux. Autrement dit, le fameux business plan comprenant l’étude de marché et tout ce qui s'ensuit, va vous être particulièrement utile ici.
D’autant plus que vous devez respecter trois étapes :
Avant de les voir un peu plus en détail, sachez que vous devez avoir travaillé au moins 5 ans en continu (hors période de disponibilité, congé sabbatique ou congé sans solde) et en CDI de droit privé, pour pouvoir prétendre à une allocation.
1. Qu’est-ce que le conseil en évolution professionnelle ?
Les conseils en évolution professionnelle se prennent auprès de structures bien précises. Les cadres devront prendre contact avec l’APEC, tandis que les personnes en situation de handicap devront se rapprocher de CAP Emploi.
Pour les autres, c’est l’organisme France Compétences qui liste les personnes compétentes pour chaque région.
2. Attestation du caractère réel et sérieux de votre projet
C’est ici qu’il faut convaincre, avec un business plan précis et bien organisé. Convaincre qui ? La commission paritaire interprofessionnelle régionale, également connue sous le nom de « Transition Pro ».
Pour convaincre votre auditoire, un projet de création d’entreprise est tout indiqué. Ce sera alors à vous de démontrer que votre projet est financièrement viable.
3. Un délai de 6 mois pour déposer la demande d’allocation
Une fois votre démission donnée à votre employeur, vous disposez de 12 mois pour procéder à votre inscription à Pôle-emploi.
C’est ici qu’il faut que vous soyez particulièrement attentif. Le délai de 6 mois suivant l’obtention de l’attestation du caractère réel et sérieux de votre création d’entreprise, ne prolonge pas le délai de 12 mois. Il ne faut donc pas perdre de temps.
Pour être sûr que vous êtes bien éligible à pouvoir bénéficier d’une indemnisation, rendez-vous sur le site demission-reconversion.gouv.fr, et faites le test.
Si vous ne remplissez pas l’ensemble des conditions requises, rien n’est perdu. Il existe de nombreuses aides.
Des aides sociales existent pour vous aider à créer votre entreprise. Il en existe trois :
1. L’ARE peut vous être octroyée à partir du moment où vous ne percevez pas déjà l’ARCE.
Cette aide dépend de votre âge, de la date de votre inscription à Pôle emploi, ainsi que des revenus que vous percevez. Pour la toucher, il vous suffit alors d’être inscrit auprès de Pôle-emploi.
2. L’ARCE correspond au versement d’allocations de chômage qui vous sont versées sous la forme de capitaux.
Cette aide est soumise à déclaration auprès de Pôle emploi. Elle sous-entend également que vous avez déjà créé votre entreprise.
3. L’ACRE est une aide qui correspond à une exonération partielle des charges sociales de votre entreprise.
Il vous faut être demandeur d’emploi pour en bénéficier et être éligible à une indemnisation de la part de Pôle emploi. Autrement, il vous faut être inscrit à pôle emploi depuis plus de six mois.
Vous comprenez que ces aides sociales restent particulièrement encadrées. Si vous ne pouvez pas en bénéficier, ce n’est pas le moment de baisser les bras.
L’entrepreneuriat est une activité qui consiste principalement à savoir régler des problèmes et à surmonter des difficultés. Celles-ci ne seront ni les premières, ni les dernières. Votre métier sera de trouver des solutions à chacune d’entre elles.
Voici les différentes étapes à suivre :
En ayant travaillé 5 ans de manière continue.
Avant de passer devant une commission paritaire interprofessionnelle régionale qui statuera sur le caractère réel et sérieux de votre projet professionnel.
À condition de vous trouver dans le délai de 12 mois permettant votre inscription à Pôle emploi suivant votre démission.