La semaine de 4 jours, c’est 4 jours de travail, trois jours de repos. Le tout sur 28 heures, pour certains chanceux. Si elle peut paraître une utopie, il faut dire que de nombreuses entreprises à travers le monde l’ont déjà adoptée :
- Basecamp, Kickstarter ou Bolt aux Etats-Unis,
- Blackbird Interactive, David Suzuki Foundation, Praxis au Canada,
- Atom Bank, Girling Jones, BWD, en Grande-Bretagne,
- Elmy, IT Partner, Love Radius, en France.
Toutefois, le travail de 4 jours n’est pas toujours tout bénéfice pour le salarié, comme en Belgique, où le salarié doit faire en 4 jours ce qu’il faisait avant en 5.
Qu’est-ce qui a poussé les entreprises à s’orienter vers cette nouvelle organisation hebdomadaire ? La question de la semaine de 4 jours n’est pas nouvelle. En 1993, l’homme politique français Pierre Larrouturou introduit cette idée dans le débat politique, et participe à la loi Robien de 1996, dont la flexibilité sera effacée par l’uniformité de la réforme des 35 heures.
C’est la crise du Covid, et particulièrement le confinement de 2020, qui ramène brusquement la question de la semaine de 4 jours sur le devant de la scène. Cette crise sanitaire aura permis à de nombreuses entreprises de constater que cette nouvelle organisation du travail ne leur faisait pas perdre en productivité, bien au contraire. C’est ce que nous verrons un peu plus loin.
1. Travailler moins pour gagner plus
C’est l’antithèse du célèbre slogan de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Pourtant, c’est bien ce que propose la semaine de 4 jours à de nombreux salariés. Particulièrement ceux qui ont la chance de travailler 28 heures payées 35 heures.
2. Plus de temps pour la vie de famille
C’était la base de la réforme de 1936 : 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de repos. Il aura fallu près de 120 ans pour que ce slogan, inventé par Robert Owen en 1817, soit mis en pratique.
Aujourd’hui, quel que soit le temps de travail de la semaine de 4 jours, elle permet de donner aux salariés trois jours de temps libre qui peuvent être répartis, à la discrétion de l’entreprise, sur un mercredi par exemple.
3. Limiter les burn out
Près d’un salarié sur deux, souffre de détresse psychologique en France, et les chiffres sont sensiblement les mêmes dans les autres pays, dont les Etats-Unis. La semaine de 4 jours, par l’équilibre vie de famille - vie professionnelle qu’elle permet, limite cette tendance.
1. Une même charge de travail
Travailler moins demande de remplir tout de même les mêmes tâches. Par conséquent, on se demande comment des salariés, qui ont déjà du mal à réaliser le travail qu’on leur demande, pourraient atteindre en 4 jours ce qu’ils n’arrivent parfois même pas à faire en 5 jours.
2. Une plus grande polyvalence
La semaine de 4 jours amène des absences au sein des effectifs. Certaines entreprises, devant rester ouvertes 5 à 6 jours sur 7, font en effet tourner les effectifs. Par conséquent, les présents doivent réaliser les tâches des absents, et donc devenir plus polyvalent.
Si cette polyvalence peut convenir à certains profils, ce n’est pas le cas de tous les salariés, dont certains n’apprécient pas beaucoup de sortir des sentiers battus.
3. Une baisse de salaire
Le cas de la baisse de salaire est exactement ce qui s’est passé dans les usines Volkswagen en Allemagne. La semaine de 4 jours y avait créé une baisse de salaire de 20%, limitée par des primes.
1. Une plus grande productivité
Les entreprises ayant mis en place la semaine de 4 jours semblent toutes s’accorder sur un point : les salariés sont plus productifs. Pourquoi ? Parce qu’ils sont moins fatigués, que leur équilibre de vie est meilleur, et qu’ils ont également à cœur de conserver cette organisation du travail.
2. Une meilleure disposition d’esprit avec la clientèle
Cet avantage découle de l’autre. Les salariés étant moins fatigués, ils sont plus présents et concentrés sur les tâches qu’ils doivent accomplir. Cela se ressent directement dans leur relation avec la clientèle, qui est le nerf de la guerre de toute entreprise.
Des clients heureux forment la colonne vertébrale de la santé économique d’une compagnie. Il s’agit d’un avantage concurrentiel non-négligeable, et ce n’est pas le seul.
3. Une plus grande compétitivité sur le marché de l’emploi
Les sociétés, pour survivre, doivent attirer les meilleurs employés. La semaine de 4 jours est un avantage compétitif énorme sur le marché de l’emploi. Pourquoi ? Car les candidats recherchent de plus en plus des entreprises qui prennent en compte leur bien-être.
Une entreprise qui pratique la semaine de 4 jours leur envoie un signal fort quant à la prise en compte de leurs besoins en tant que personne chargée de famille.
1. Des impératifs de production inadaptés
L’usine de production est le meilleur exemple. Comment concilier travail par poste en 3-8 par exemple, et semaine de 4 jours ? Le géant Volkswagen, dont nous avons déjà parlé, n’a pas tenu longtemps lorsqu’il a dû augmenter le nombre d’heures de ses employés pour produire de nouveaux modèles de véhicules.
2. Une réorganisation trop complexe dans les grandes entreprises
Absentes en France de la semaine de 4 jours, les grandes entreprises n’ont plus la flexibilité des TPE et des PME. Dans les grands groupes, réorganisation rime bien plus souvent avec restructuration qu’avec bien-être au travail, parce que toute réforme a un coût important.
3. Des difficultés à satisfaire les clients
C’est un fait, la semaine de 4 jours éloigne les salariés des horaires de travail des clients. Par conséquent, les difficultés naissent dans la communication entre les salariés et les clients. Sans une bonne gestion du temps de travail, c’est l’échec assuré.
De nombreux tests sont menés à travers le monde :
- En Grande-Bretagne,
- En Nouvelle-Zélande,
- En Australie,
- Aux Etats-Unis.
On sait les Britanniques pragmatiques. C’est pourquoi ils ont décidé de tester la semaine de 4 jours sur 70 entreprises durant une période de 6 mois. Le point effectué à mi-course est très positif, avec des gains de productivité.
D’autres programmes de test de la semaine de 4 jours ont été développés. En Californie, en Nouvelle-Zélande ou encore aux Etats-Unis. Les résultats sont partout prometteurs.
Les panégyristes de la semaine de 4 jours avancent une potentielle création de 1.5 million d'emplois en France. Pourtant, depuis que la question a fait son grand retour sur le devant de la scène en 2020, la tendance politique ne semble pas être de son côté.
Au contraire, la loi de finance rectificative 2022 est même venue défiscaliser les heures supplémentaires jusqu’à 7 500 euros de valeur nette imposable au lieu de 5 000 euros. Un message clair sur la tendance politique actuelle : travailler plus pour gagner plus.
En plein milieu de l’Atlantique Nord, c’est l’Islande qui a mené la plus profonde réforme. Entamée dès 2015, la réforme du temps de travail sur l’île permet aujourd’hui à 86% des Islandais de bénéficier d’horaires adaptés réduisant leur temps de travail.
En Espagne, c’est le gouvernement qui pilote un test impliquant 200 entreprises dont les salariés ne vont pas travailler 32 heures au lieu de 35 heures, mais 32 heures au lieu de 40 heures.
La France, dont le gouvernement ne semble pas privilégier cette orientation, pourrait bien avoir à prendre le train en marche dans les années qui viennent.